« Les étranges mutations de ce monde » : l’obsession généalogique de Saint-Simon

Pour ouvrir le bal de cette nouvelle chronique, j’ai choisi de vous parler d’un auteur que je connais bien puisqu’il a fait l’objet de mon premier mémoire de recherche : Saint-Simon.

Ce nom vous dit peut-être quelque chose, mais il peut renvoyer à deux hommes qu’il ne faut pas confondre :

– Claude-Henri de Rouvroy, comte de Saint-Simon (1760-1825), fondateur du saint-simonisme, un courant idéologique qui a nourri le socialisme naissant au xixe siècle.

– Son lointain cousin Louis de Rouvroy, duc de Saint-Simon (1675-1755), membre de la cour de Louis XIV et auteur de célèbres Mémoires.

C’est dans l’esprit fier, exigeant, indigné et piquant du fameux courtisan que nous allons nous plonger aujourd’hui. 

Saint-Simon, le « voyeur » de Versailles

Voici Louis de Rouvroy, né vidame de Chartres en janvier 1675 et filleul de Louis XIV. Il hérite du titre prestigieux de duc et pair de France en 1693, au décès son père Claude, favori du roi Louis XIII.

Le jeune duc de Saint-Simon portera les armes jusqu’en 1702, date à laquelle il décide de se mêler au monde et de se faire plus présent à la cour, accompagné de son épouse, Marie-Gabrielle de Lorges. Celle-ci est nommée dame d’honneur de la jeune duchesse de Berry en 1710, haut privilège qui permet au duc et à la duchesse de Saint-Simon de loger dans un grand appartement du château de Versailles. Depuis ce précieux poste d’observation, Saint-Simon assiste ainsi à la mort du Roi Soleil, le 15 septembre 1715, à toutes les intrigues qui rythmèrent la période de la Régence jusqu’en 1723, et aux deux premières décennies du règne de Louis XV.

Après la mort de sa femme en 1743, puis celle de son fils aîné six ans plus tard, c’est toute sa branche qui finira par tomber. Fin tragique pour celui qui aura défendu le prestige de son rang jusqu’à son dernier souffle, rendu dans la nuit du 1er au 2 mars 1755.Le témoignage du duc de Saint-Simon, qui couvre la période allant de 1691 à 1723, nous est transmis par ses Mémoires, rédigés entre 1739 et 1750. À la mort de leur auteur, les manuscrits sont cependant mis sous séquestre, puis saisis et placés au Dépôt des Archives des Affaires étrangères. Il ne paraîtront sous forme d’extraits qu’à l’approche de la Révolution, et le nom du mémorialiste ne prend sa place sur la page de titre qu’en 1788. On peut alors y lire :

Mémoires de M. le duc de Saint-Simon, ou l’Observateur véridique […]

La première édition complète ne voit le jour qu’à la fin de la Restauration, en 1829-1830. C’est après tout ce que souhaitait l’auteur, qui jugeait qu’un tel ouvrage ne devrait paraître « que lorsque le temps l’aura mis à l’abri des ressentiments »… Une façon subtile de dire qu’il a cassé beaucoup trop de sucre sur le dos de ses contemporains pour ne pas attendre qu’ils soient tous bien morts – et leurs enfants aussi, tant qu’à faire – avant de publier.

« Mais point de médisance gratuite ! » répondrait très certainement Saint-Simon. En effet, le dictionnaire de Furetière de 1690 définit le genre des mémoires comme « des livres d’historiens, écrits par ceux qui ont eu part aux affaires ou qui en ont été témoins oculaires […] ». Or, qui dit « livre d’historien » dit livre soumis à un impératif de vérité. Le mémorialiste doit ainsi adopter un point de vue le plus objectif et le plus clair(voyant) possible sur la réalité dont il témoigne de l’intérieur, le but étant de dévoiler au lecteur toutes les petites causes de tel ou tel événement historique. Cependant, la vérité historique présentée dans les Mémoires du duc est toute relative ; c’est en quelque sorte la vérité de Saint-Simon. Si les amoureux de littérature ont apprécié, voire adoré, ce mémorialiste (c’est le cas de Proust, par exemple), c’est bien parce qu’il a véritablement remodelé aux dimensions de son imaginaire et de ses colères la réalité de la cour.

Rappelons que les personnages et anecdotes immortalisés par la plume de Saint-Simon ont demeurés dans sa mémoire pendant quinze, trente, ou cinquante ans avant d’être couchés sur le papier. Dans ce laps de temps, notre duc a eu le temps de penser, de rêver, de retisser ses souvenirs et, parfois, de s’indigner à leur propos. Quand, à l’âge de soixante-quatre ans, le vieux courtisan s’est penché sur son pupître, c’est en tant que détenteur d’une mission, en tant que regard perçant qu’il a voulu s’écrire. C’est sous la forme de diables, de sirènes ou de fées qu’il a voulu peindre ses contemporains ; sous la forme de filets, de manèges et de mécaniques complexes qu’il a voulu rendre compte du fonctionnement de la cour de France. Voici donc ce qu’il écrit dans les premières pages de ses Mémoires :

« Servons-nous donc des facultés qu’il a plu à Dieu de nous donner, et ne croyons pas que la charité défende de voir toutes sortes de vérités et de juger des événements qui arrivent et de tout ce qui en est l’accompagnement. […] Connaissons donc tant que nous pourrons la valeur des gens et le prix des choses : la grande étude est de ne pas s’y méprendre au milieu d’un monde la plupart si soigneusement masqué […]. »

Et la généalogie dans tout cela ?

J’avoue, j’ai été un peu (trop ?) longue sur les présentations. Il me semblait cependant important de vous expliquer tout cela avant d’entrer dans le vif du sujet. Nous allons voir en effet que la généalogie occupe une place de choix dans la mise en œuvre de cette mission de « démasquement » que s’octroie Saint-Simon : elle va lui permettre de percer à jour les impostures, de louer les vrais nobles, et de prouver que son puissant regard a parfaitement discerné le vrai du faux et le Bien du Mal.

Noblesse et généalogie à la fin du règne de Louis XIV

Faisons un petit détour par le contexte socio-historique des Mémoires de Saint-Simon. Si l’on en croit les travaux de Philippe Ariès sur L’Enfant et la vie familiale sous l’Ancien Régime, et plus précisément la réflexion qu’il mène dans le troisième chapitre de son ouvrage (« La famille »), plus on s’avance vers le xviie siècle plus la conception du familial se détache de la notion de lignage. J’aurai très probablement l’occasion de revenir dans un prochain article sur les thèses de P. Ariès, et sur les exemples (notamment iconographiques) qu’il donne, mais je m’explique tout de même en quelques mots : si à l’époque médiévale c’est le sentiment du lignage qui domine, le sentiment fort de la famille (tel qu’on le connaît aujourd’hui, c’est-à-dire concentré sur le noyau conjugal et s’étendant sur deux générations environ) va se développer progressivement jusqu’aux XVIe– XVIIe siècles.

Par conséquent, un homme du siècle de Louis XIV tel que Saint-Simon ne devrait pas, en théorie, faire trop de cas de la question du lignage. Sauf que (et là vous me voyez venir à 10 km – il faut dire que j’ai l’art d’enfoncer des portes ouvertes) Saint-Simon ne jure que par le lignage. L’étude de P. Ariès est très éclairante, mais son objet demeure très global. Or notre cher duc et pair appartient à un milieu très particulier de la société d’Ancien Régime : la noblesse de cour. Aux XVIIe et XVIIIe siècles, la noblesse de cour occupe le sommet de la pyramide sociale. Économiquement, elle concentre d’immenses fortunes ; politiquement, elle monopolise les charges guerrières, les privilèges et les rangs qui placent leurs détenteurs au plus près du pouvoir royal. Il s’agit donc d’une élite, et d’une élite fière de l’être, qui construit et revendique tout un discours identitaire. Comme l’explique Frédérique Leferme-Falguières dans son article sur la question, « ce discours se construit sur divers critères, au premier rang desquels se trouve la naissance. L’appartenance à une illustre lignée détermine en grande partie la valeur d’un individu […]. C’est la naissance qui confère avant tout le rang, sans qu’il soit besoin d’autre légitimation, en apportant deux qualités essentielles : le titre et l’ancienneté ».

Le titre octroie à l’individu une place précise dans la hiérarchie sociale, tandis que l’ancienneté permet le plus souvent d’accéder à certaines charges ou de se défendre lors d’un procès (dans ces cas-là, on dit alors qu’il faut « prouver sa noblesse par la généalogie »).

En effet, la généalogie occupe une place très importante dans le milieu aristocratique auquel appartient Saint-Simon. Elle est utilisée au quotidien pour bien se faire voir auprès d’autrui ou pour appuyer une offre de mariage, mais elle devient aussi une mode. L’arbre généalogique (et tout autre objet symbolisant le lignage) devient ainsi le must have de tout grand noble qui se respecte, et Saint-Simon ne perd pas une occasion de se moquer de ceux chez qui ce goût tourne à la manie. Voici ce qu’il raconte de sa visite chez un évêque un peu trop vaniteux…

« Je passais à Noyon chez l’évêque, qui était un Clermont-Tonnerre, parent et ami de mon père, célèbre pour sa vanité et les faits et dits qui en ont été les fruits. Toute sa maison était remplie de ses armes jusqu’aux plafonds et aux planchers ; des manteaux de comte et pair dans tous les lambris, sans chapeau d’évêque ; des clefs partout, qui sont ses armes, jusque sur le tabernacle de sa chapelle ; ses armes sur sa cheminée, en tableau avec tout ce qui se peut imaginer d’ornements, tiares, armures, chapeaux, etc., et toutes les marques des offices de la couronne ; dans sa galerie une carte que j’aurais prise pour un concile, sans deux religieuses aux deux bouts : c’étaient les premiers et les successeurs de sa maison ; et deux autres grandes cartes généalogiques avec ce titre de Descente de la très auguste maison de Clermont-Tonnerre, des empereurs d’Orient, et à l’autre, des empereurs d’Occident. Il me montra ces merveilles, que j’admirai à la hâte dans un autre sens que lui […]. »

La généalogie est donc un véritable fait de société à l’époque de notre mémorialiste. Cependant, cela n’explique pas pleinement pourquoi Saint-Simon a si souvent recours à la généalogie dans ses Mémoires. Deux éléments de réponse peuvent s’ajouter à ce que j’ai expliqué précédemment :

1) au XVIIe siècle, la généalogie fait encore partie intégrante de la discipline historique. L’Histoire avec un grand « h » se lisait alors à travers les histoires des grandes familles. On imagine ainsi aisément qu’écrire des Mémoires, ces « livres d’historiens », suppose de faire un peu de généalogie… Mais Delphine de Garidel, spécialiste de Saint-Simon, constate qu’il est pourtant le seul mémorialiste qui utilise autant la généalogie. Ceci m’amène à mon second point.

2) à la fin du règne de Louis XIV et à l’époque où Saint-Simon écrit, la haute noblesse de cour sent ses privilèges et la valeur de ses titres menacés. La noblesse d’épée empiète de plus en plus sur la noblesse de robe, les titres perdent de leur signification et les bâtards de Louis XIV prennent part à la direction du royaume. « Tout fout l’camp ma bonne dame ! » comme disait ma prof d’histoire.

C’est là que la généalogie entre dans la « mission démasquement » de Saint-Simon : il faut remettre chacun à sa place, pointer du doigt tous ceux qui ont falsifié leur généalogie, ceux qui abusent des préséances, ceux qui se vantent, et ceux (ou celles) qui ont gravi trop d’échelons eu égard à leur naissance.

En somme, je mets aujourd’hui à l’honneur un grand maniaque à perruque persuadé de remplir la mission sacrée de débusquer et condamner tous ces infâmes suppôts du Mal. Oui, oui, vous avez bien lu : c’est une véritable tragédie pour Saint-Simon que d’assister aux « étranges mutations de ce monde », au délitement de la monarchie et à l’intrusion de toutes ces forces insidieuses au sein de la cour de Versailles. C’est ainsi mû d’un sentiment profondément chrétien que Saint-Simon, inquiet de voir « la fin et la dissolution prochaine de cette monarchie », s’arme des généalogies de ses contemporains pour faire éclater toute la Vérité.

Promis, nous allons enfin entrer dans le vif du sujet.

Un usage polémique de la généalogie

Saint-Simon et la passion des « histoires généalogiques »

Moi qui ne suis pas une grande amatrice de généalogie, je vous laisse deviner avec quel petit rire jaune j’ai découvert, il y a trois ans, que l’auteur sur lequel j’avais envie de faire mon mémoire était un passionné de généalogie. Je devais lire le tome I des Mémoires en édition Pléiade, c’est-à-dire environ 1700 pages (épaisses comme du papier à cigarettes, en plus) dont beaucoup étaient remplies de considérations généalogiques imbuvables (pardon, mais c’est vrai). Je me confesse : je les ai presque toutes passées compulsivement, parce que je n’y comprenais RIEN.

Bref. En tout cas, Saint-Simon n’était pas si différent de vous.

Sa bibliothèque était pleine d’ouvrages d’Histoire et de généalogie, notamment (et surtout) de ceux concernant les grandes familles de France. On y trouvait par exemple les histoires généalogiques d’André Du Chesne ou l’ouvrage colossal du père Anselme, Histoire généalogique et chronologique de la Maison royale de France, des grands officiers de la Couronne et de la maison du Roi, en neuf volumes in-folio (c’était la principale source de Saint-Simon). Cf. photos ci-dessous.

Si dans les Mémoires la généalogie est une affaire sérieuse, une pièce à conviction, dans son Préambule aux Maisons d’Albret, d’Armagnac et de Châtillon, Saint-Simon la définit également comme un divertissement vers lequel l’homme curieux qu’il est se laisse aisément conduire. Ben oui, enfin, quoi de mieux que de farfouiner dans les branches de la maison de Culant ou du seigneur de Trivulce (je vous jure que ces noms existent, je les ai trouvés dans la table des matières du père Anselme) ?

Plus concrètement (et plus sérieusement), quelles formes prend la généalogie dans les Mémoires de Saint-Simon ? On trouve majoritairement des récits de généalogie, souvent annoncés par une manchette du type « Maison / famille / extraction / origine / naissance de Trucmuche » ou «  Trucmuche, sa famille / son extraction » (cf. photo ci-contre, sur le Duc Lanti).

La plupart du temps, ces détours généalogiques sont suivis d’un portrait et/ou d’une anecdote sur le ou les individu(s) en question.

Par ailleurs, les histoires généalogiques réalisées par Saint-Simon sont plus ou moins longues : certaines ne donnent que l’origine sociale et géographique d’un individu (c’est souvent à cela que se limite la « généalogie » d’un·e roturier·e dans les Mémoires…) tandis que d’autres, au contraire, remontent « jusqu’à l’origine du nom ou du titre, jusqu’aux premiers ascendants connus ou jusqu’à un ancêtre célèbre ». Dans ce cas, le lecteur se retrouve face à des pages très denses et ardues, qui reprennent le modèle des récits généalogiques d’un Du Chesne par exemple.

Seule exception à cette mise en forme des généalogies dans l’œuvre : l’arbre ou tableau de la « Branche de la maison de Luxembourg établie en France ».

Enfin, la longueur d’un récit généalogique indique souvent, chez Saint-Simon, la proportion de charge polémique que l’auteur lui confère. Parfois l’évocation d’une lignée est neutre, dénuée de bile, simplement là pour éclairer un personnage particulier, ou à titre informatif. Mais plus une généalogie est développée, plus il y a de chances qu’elle serve d’argument dans le cadre d’une dénonciation (ou d’un éloge) directe ou indirecte.

Dévoiler à tout prix les « chimères de princeries » et autres subversions de l’ordre social

Parmi les plus longues pages d’histoires généalogiques des Mémoires, il y a tout d’abord l’explication des litiges autour du procès de préséance de M. de Luxembourg. Les tenants et aboutissants de l’affaire sont relatés par Saint-Simon dans sa chronique de l’année 1694 (juste avant l’arbre généalogique présenté plus haut). Je vous le dis tout de suite : je n’y comprends rien du tout. Pour les curieux ou les spécialistes (ou les deux), voici comment le mémorialiste présente le litige :

« À mon retour de la Trappe, où je n’allais que clandestinement pour dérober ces voyages aux discours du monde à mon âge, je tombai dans une affaire qui fit grand bruit et qui eut pour moi bien des suites. M. de Luxembourg, fier de ses succès et de l’applaudissement du monde à ses victoires [militaires], se crut assez fort pour se porter du dix-huitième rang d’ancienneté qu’il tenait parmi les pairs au second [rang d’ancienneté], et immédiatement après M. d’Uzès. Ceux qu’il attaqua en préséance furent : [liste des individus attaqués]. Avant d’entter dans l’explication de la prétention de M. de Luxembourg, une courte généalogie* y jettera de la lumière pour la suite »

*LOL, elle s’étend sur une dizaine de pages.

Autre exemple peut-être plus accessible : celui de la maison de Rohan, qui apparaît dans la chronique de 1698. Saint-Simon reprend tout ou partie de la généalogie de cette maison afin de démontrer qu’elle n’a jamais dépassé le « stade » de la pure et simple noblesse (c’est-à-dire qu’elle n’a jamais possédé de prince). Vous vous demandez toujours pourquoi je n’ai fait que parcourir en diagonale les pages généalogiques de Saint-Simon ? Voici donc un extrait de seulement deux pages des Mémoires. Bon courage.

« Jamais aucun de la maison de Rohan n’avait imaginé d’être prince ; jamais de souveraineté chez eux, jamais en Bretagne ni en France ; depuis qu’ils y furent venus sous Louis XI, aucune autre distinction que celle des établissements que méritaient leurs grandes possessions de terre, leurs hautes alliances et une naissance qui, sans avoir d’autre origine que celle de la noblesse, ni avoir jamais été distinguée de ce corps, était pourtant fort au-dessus de la noblesse ordinaire, et se pouvait dire de la plus haute qualité. Ils avaient par leur baronnie le second rang en Bretagne, et puis ils l’alternèrent avec les barons de Vitré, mais cela n’influait point sur leurs cadets ; quoique sortis de plus d’une soeur des ducs de Bretagne, ils ne purent obtenir aucune préférence sur les autres puînés nobles de Bretagne, et Alain VI, vicomte de Rohan, fut obligé vers 1300 par Jean II, duc de Bretagne, de reconnaître que, selon la coutume de cette province, tous les juveigneurs de Rohan devaient être hommes liges du duc de Bretagne, et qu’il avait droit de retirer de leurs terres tous les émoluments et profits de fief qu’il pouvoir retirer de celles de ses autres sujets libres. C’est ce duc de Bretagne qui fut écrasé par la chute d’une muraille à Lyon, à l’entrée du pape Clément V, où il accompagnait Philippe le Bel qui l’avait fait duc et pair en 1297, et il mourut à Lyon le 18 novembre 1305, quatre jours après la chute de ce mur. Cela n’a point varié depuis. Ainsi, pour les cadets, nulle préférence sur ceux des autres maisons nobles de Bretagne. Voici maintenant pour les aînés.

Alain IX, vicomte de Rohan, est sans doute celui qui par ses grands biens, ses hautes alliances et celles de ses enfants, a fait le plus d’honneur à la maison, dont il était le chef. Sa mère était fille du connétable de Clisson ; sa première femme, dont il ne vint point de postérité masculine, était fille de Jean V, duc de Bretagne, et de Jeanne fille de Charles le Mauvais, roi de Navarre. La seconde femme du même Alain, qui était Lorraine-Vaudemont, continua la postérité à laquelle je reviendrai. Du premier lit il maria sa seconde fille à Jean d’Orléans, comte d’Angoulême, deuxième fils du duc d’Orléans, frère de Charles VI, assassiné par ordre du duc de Bourgogne, et cette Rohan fut mère de Charles d’Orléans, comte d’Angoulême, père du roi François Ier. Certainement voilà de la grandeur, et qui fut soutenue par les emplois et la figure que cet Alain IX, vicomte de Rohan, fit toute sa vie. Néanmoins Pierre, duc de Bretagne, fils de Jean VI, duc de Bretagne, frère de la femme défunte alors de ce même vicomte de Rohan, ordonna le 25 mai 1451, en pleins états, à Vannes, que ledit Alain IX, vicomte de Rohan, aurait séance le premier jour, à la première place au côté gauche, après les seigneurs de son sang ; que le second jour cette place serait occupée par Guy, comte de Laval, et ainsi à l’alternative jusqu’à ce que ce dernier ou ses successeurs fussent propriétaires du lieu de Vitré.

Cela fut exécuté de la sorte, et c’est-à-dire que la possession levait l’alternative, et que le vicomte de Rohan n’en pouvait pas prétendre avec le baron de Vitré qui le devait toujours précéder. Il faut remarquer que ce comte de Laval dont il s’agit ici était de la maison de Montfort en Bretagne depuis longtemps éteinte, et fondue par une héritière dans celle de La Trémoille qui en a eu Vitré et Laval, que ces Montfort avaient eu de même par une héritière de la branche aînée de Laval-Montmorency.

Voilà donc l’aîné de la maison de Rohan et vicomte de Rohan, et au plus haut point de toute sorte de splendeur, en alternative décidée et subie avec le comte de Laval, lequel, devenant propriétaire du lieu de Vitré, le devait toujours précéder, et les juveigneurs ou cadets de la maison de Rohan semblables en tout et par tout aux juveigneurs de toutes les autres maisons nobles de Bretagne, et cela par les deux décisions que je viens de rapporter, qui ont toujours depuis été exécutées.

Jean II, fils d’Alain IX que je viens d’expliquer et de Marie de Lorraine-Vaudemont, sa seconde femme, épousa, en 1461, Marie, fille de François Ier, duc de Bretagne, et d’Isabelle Stuart, fille de Jacques Ier, roi d’Écosse. Cette vicomtesse de Rohan n’eut point de frère, mais une soeur qui fut première femme sans enfants de François II, dernier duc de Bretagne, qui, d’une Grailly-Foix, dont la mère était Éléonore de Navarre, eut Anne, duchesse héritière de Bretagne, deux fois reine de France, et par qui la Bretagne a été réunie à la couronne, c’est-à-dire depuis sa mort. Ce vicomte de Rohan n’eut point de mâles qui aient eu postérité: et deux filles qui se marièrent dans leur maison, l’aînée au fils du maréchal de Gié, la cadette au seigneur de Guéméné.

Ainsi nuls mâles sortis des filles de Bretagne, et jusqu’ici rien qui sente les princes. Retournons sur nos pas. »

J’envoie un paquet de pralines roses à celui ou celle qui arrive à me faire un arbre généalogique à partir de ce texte complet (ah oui, je ne vous ai pas dit, mais il reste encore quelques pages après ça…). Trève de plaisanterie, vous voyez comme un tel passage est ardu, avec des phrases très longues et des structures syntaxiques en cascade. Tout ceci, y compris cette petite pique bien salée tout à la fin du texte, est le fruit de l’ardeur vengeresse de Saint-Simon, toujours prompt à lever le voile sur les faux ou mauvais nobles.

Cette manie a à voir avec un grand souci de l’ordre, lui-même lié à une réelle nostalgie, chez notre duc et pair, du règne de Louis XIII où, soi-disant, personne n’osait ni ne désirait déroger à la règle des rangs, à la hiérarchie sociale. Cette vision fantasmée du précédent règne guide l’écriture des Mémoires et tisse au fil des pages une sorte de leitmotiv : que chacun et chacune reste à sa place.

Voilà donc comment se concrétise l’indignation saint-simonienne envers toute forme de prétention nobiliaire. Quand on apprivoise un peu mieux l’œuvre, on constate cependant que la généalogie (la naissance, l’extraction, la famille) est à la base de presque toutes les colères (et toutes les affections) du duc.

Je propose donc à tous·tes les curieux·ses un petit excursus final du côté de deux personnages particuliers des Mémoires, deux femmes (les grands hommes, ça va deux minutes) qui, par leur généalogie, leur mérite et leur légitimité, s’opposent en tous points aux yeux de Saint-Simon.

La duchesse de Bourgogne et Mme de Maintenon : femme de bien et femme du Mal

Marie-Adélaïde de Savoie (1685-1712), à droite, naît et grandit dans l’illustre maison de Savoie. Elle est la fille aînée de Victor-Amédée II, duc de Savoie, et de la seconde fille de Monsieur, frère du Roi, Anne-Marie d’Orléans. Très bien éduquée, y compris aux usages de la cour de France, elle est promise à un grand mariage. Les contemporains de Saint-Simon sont quasiment unanimes : cette princesse est un ange. Son union au duc de Bourgogne le 7 décembre 1797, prévue dans le cadre du Traité de Ryswick, met un coup d’arrêt à la guerre de la Ligue d’Augsbourg. Avec son époux, la duchesse de Bourgogne incarne aux yeux de Saint-Simon l’avenir de la monarchie française. Elle donnera en effet naissance au futur Louis XV.

Françoise d’Aubigné (1635-1719), à gauche, naît à Niort et devient orpheline à douze ans. Elle épouse en 1652 le poète Paul Scarron qui, à sa mort en 1660, la laisse pauvre et endettée. La « veuve Scarron », recommandée auprès du roi par Mme de Montespan, arrive à la cour dix ans plus tard, et officie en tant que gouvernante des enfants du roi et de sa maîtresse. Elle aurait alors, selon Saint-Simon, « supplanté » petit à petit cette dernière, tout en obtenant du roi de quoi acheter les terres de Maintenon. Disgraciée, Mme de Montespan quitte la cour et la reine Marie-Thérèse d’Autriche décède peu après, en juillet 1683. Mme de Maintenon et Louis XIV se marient secrètement peu de temps après.

Au regard de tout ce qui a été exposé précédemment, on devine rapidement laquelle des deux est tout bonnement détestée par le duc et pair psychorigide…

Dans mon mémoire de recherche, j’avais remarqué que toutes les deux étaient de près ou de loin qualifiées de « fée » dans les Mémoires. Toutefois, chez Saint-Simon, il y a fée et fée. Madame de Maintenon, « la Scarron », est décrite comme une « fée incroyable » source de nombreux maux de la monarchie ; la duchesse, elle, possède une « légèreté de nymphe [qui] la portait partout comme un tourbillon qui remplit plusieurs lieux à la fois, et qui y donne le mouvement et la vie ». Vous voyez pourquoi je vous disais, au début de cet article, que Saint-Simon n’était pas si objectif que ça ?

L’illustre généalogie de Marie-Adélaïde va tellement de soi que Saint-Simon y fait seulement allusion dans la chronique de 1696, année de l’arrivée de la princesse à la cour de France. Au contraire, il n’a de cesse de marteler la médiocre origine de Mme de Maintenon, notamment dans la chronique de 1715 où le récit des circonstances de la fin du Grand Règne conduit bien évidemment Saint-Simon à faire le portrait de tout l’entourage proche du roi, y compris celui de son infâme épouse. Petit florilège de compliments :

« L’abjection et la détresse où elle avait si longtemps vécu lui avait rétréci l’esprit, et avili le cœur et les sentiments. Elle pensait et sentait si fort en petit, en toutes choses, qu’elle était toujours en effet moins que Mme Scarron, et qu’en tout et partout elle se retrouvait telle »

« [Après la mort de Louis XIV,] il n’y avait plus rien à craindre de cette fée presque octogénaire ; sa puissante et pernicieuse baguette était brisée, elle était redevenue la vieille Scarron »

Le lien qui unit le Roi Soleil à cette sorcière est digne du scandale. Mais que diable fait une roturière aux côtés du monarque de droit divin ?! Il n’y a qu’à voir les pinçettes que prend Saint-Simon au moment d’évoquer ce mariage abjecte pour comprendre à quel point cet événement est indigne et impensable à ses yeux :

« On prétend, car il faut distinguer le certain de ce qui ne l’est pas, on prétend, dis-je, que le Roi parla plus librement à Mme de Maintenon […], qu’elle parvint à ce que nos yeux ont vu, et que la postérité refusera de croire. Mais ce qui est très certain et bien vrai, c’est que, quelque temps après le retour du Roi de Fontainebleau, et au milieu de l’hiver qui suivit la mort de la Reine, chose que la postérité aura peine à croire, quoique parfaitement vrai et avéré, le P. de La Chaise, confesseur du Roi, dit la messe en pleine nuit dans un cabinet du Roi à Versailles »

Voilà donc un parfait exemple de la façon dont l’indignation de Saint-Simon se cristallise autour d’un problème de naissance (et de genre, mais ça, c’est une autre histoire).

Passons désormais de l’ombre à la lumière et penchons-nous sur le cas de la duchesse de Bourgogne. Je me suis toujours dit qu’en repensant à elle, en écrivant toutes ses petites farces, ses succès, ses amours, Saint-Simon devait sourire. C’est en effet une tout autre atmosphère qui se dégage des pages des Mémoires sur lesquelles règne la princesse…

Je pourrais vous en dire plus, mais j’ai déjà beaucoup écrit. Si nous laissions la parole au duc, si nous nous laissions émouvoir par ces lignes où il rend hommage à la jolie nymphe, décédée le 12 février 1712.

« Jamais princesse arrivée si jeune ne vint si bien instruite, et ne sut mieux profiter des instructions qu’elle avait reçues. Son habile père, qui connaissait à fond notre cour, la lui avait peinte, et lui avait appris la manière unique de s’y rendre heureuse. Beaucoup d’esprit naturel et facile l’y seconda, et beaucoup de qualités aimables lui attachèrent les cœurs, tandis que sa situation personnelle avec son époux, avec le Roi, avec Mme de Maintenon lui attira les hommages de l’ambition. Elle avait su travailler à s’y mettre dès les premiers moments de son arrivée ; elle ne cessa tant qu’elle vécut de continuer un travail si utile, et dont elle recueillit sans cesse tous les fruits. Douce, timide, mais adroite, bonne jusqu’à craindre de faire la moindre peine à personne, et, toute légère et vive qu’elle était, très capable de vues et de suite de la plus longue haleine ; la contrainte jusqu’à la gêne, dont elle sentait tout le poids, semblait ne lui rien coûter. La complaisance lui était naturelle, coulait de source, elle en avait jusque pour sa cour. […] Un port de tête galant, gracieux, majestueux et le regard de même, le sourire le plus expressif, une taille longue, ronde, menue, aisée, parfaitement coupée, une marche de déesse sur les nuées : elle plaisait au dernier point. Les grâces naissaient d’elles-mêmes de tous ses pas, de toutes ses manières et de ses discours les plus communs. Un air simple et naturel toujours, naïf assez souvent, mais assaisonné d’esprit, charmait, avec cette aisance qui était en elle, jusqu’à la communiquer à tout ce qui l’approchait. […] Sa gaieté jeune, vive, active, animait tout, et sa légèreté de nymphe la portait partout comme un tourbillon qui remplit plusieurs lieux à la fois, et qui y donne le mouvement et la vie. Elle ornait tous les spectacles, était l’âme des fêtes, des plaisirs, des bals, et y ravissait par les grâces, la justesse et la perfection de sa danse. Elle aimait le jeu, s’amusait au petit jeu, car tout l’amusait ; elle préférait le gros, y était nette, exacte, la plus belle joueuse du monde, et en un instant faisait le jeu de chacun ; également gaie et amusée à faire, les après-dînées, des lectures sérieuses, à converser dessus, et à travailler avec ses dames sérieuses ; on appelait ainsi ses dames du palais les plus âgées. Elle n’épargna rien jusqu’à sa santé, elle n’oublia pas jusqu’aux plus petites choses […] pour gagner Mme de Maintenon, et le Roi par elle. Sa souplesse à leur égard était sans pareille et ne se démentit jamais d’un moment. Elle l’accompagnait de toute la discrétion que lui donnait la connaissance d’eux, que l’étude et l’expérience lui avaient acquise, pour les degrés d’enjouement ou de mesure qui étaient à propos. Son plaisir, ses agréments, je le répète, sa santé même, tout leur fut immolé. Par cette voie elle s’acquit une familiarité avec eux, dont aucun des enfants du Roi, non pas même les bâtards, n’avait pu approcher. En public, sérieuse, mesurée, respectueuse avec le Roi, et en timide bienséance avec Mme de Maintenon, qu’elle n’appelait jamais que ma tante, pour confondre joliment le rang et l’amitié. En particulier, causante, sautante, voltigeante autour d’eux, tantôt perchée sur le bras du fauteuil, de l’un ou de l’autre, tantôt se jouant sur leurs genoux, elle leur sautait au cou, les embrassait, les baisait, les caressait, les chiffonnait, leur tirait le dessous du menton, les tourmentait, fouillait leurs tables, leurs papiers, leurs lettres, les décachetait, les lisait quelquefois malgré eux, selon qu’elle les voyait en humeur d’en rire, et parlant quelquefois dessus.

[…]

Avec elle s’éclipsèrent joie, plaisirs, amusements même, et toutes espèces de grâces. Les ténèbres couvrirent toute la surface de la cour. Elle l’animait tout entière, elle en remplissait tous les lieux à la fois, elle y occupait tout, elle en pénétrait tout l’intérieur. Si la cour subsista après elle, ce ne fut plus que pour languir. Jamais princesse si regrettée, jamais il n’en fut si digne de l’être. Aussi les regrets n’en ont-ils pu passer, et l’amertume involontaire et secrète en est constamment demeurée, avec un vide affreux qui n’a pu être diminué. »

Je n’ai cessé d’affirmer tout au long de cet article que les extraits des Mémoires relatifs à la généalogie sont imbuvables, ardus, souvent scandés par la bile indignée de l’auteur. Je clôs pourtant ce billet avec l’un des plus beaux passages de l’œuvre, où s’exprime une affection sincère, née en partie de l’obsession généalogique d’un duc et pair inquiet, pour qui Marie-Adélaïde de Savoie, princesse bien née, fut ni plus ni moins qu’un rayon de soleil.

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J’espère que vous avez pris plaisir à lire cet article et à découvrir cet auteur mal connu. Les autres articles que je publierai seront très probablement moins longs, mais je tenais à vous transmettre le goût tout particulier que je cultive pour ce vieux ronchon de Saint-Simon, dont la plume, le sel et les lubies me font rire, et dont le sens de l’observation et la mélancolie me touchent.

Petits conseils de lecture pour celles et ceux qui souhaiteraient en découvrir davantage :

– Les éditions Folio classique des Mémoires, contenant des textes choisis (beaucoup plus accessibles que les éditions complètes), et notamment le tome I et le tome sur la mort de Louis XIV.

– Ce site internet, où quelqu’un·e a pris la peine de rassembler la totalité des Mémoires, classée par tomes : http://rouvroy.medusis.com/tomes.html.

N’hésitez pas à me poser des questions. Je peux même envoyer mon mémoire à qui veut : non pas qu’il soit extraordinaire ou particulièrement brillant, mais il contient notamment de jolis textes de Saint-Simon.

À bientôt pour de nouvelles rencontres.


Sources :

  • Saint-Simon, Mémoires (éd. Yves Coirault), tome I, II, IV, V, VII, Paris, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 1983. Sauf mention contraire, toutes mes références renvoient à cette édition.
  • Antoine Furetière, « Mémoires », Dictionnaire universel contenant généralement tous les mots français tant vieux que modernes, et les Termes de toutes les sciences et des arts…, La Haye et Rotterdam, Arnout et Reinier Leers, 1690.
  • Frédérique Leferme-Falguières, « La noblesse de cour aux XVIIe et XVIIIe siècles »
  • Delphine de Garidel, Poétique de Saint-Simon. Cours et détours du récit historique dans les Mémoires, Paris, Honoré Champion, 2005, deuxième partie, chap. V, III. L’évasion généalogique.

Sources des images :

Louis XIV en costume de sacre, Hyacinthe Rigaud, 1701. https://fr.wikipedia.org/wiki/Portrait_de_Louis_XIV_en_costume_de_sacre

– Saint-Simon, gravure de mariage. https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Fichier:Louis_de_Rouvroy_de_Saint-Simon,_gravure_de_Mariage.png

– Arbre généalogique des rois de Navarre, XVIIe siècle. https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8401552t.item

– Gravure « Le Mulet se vantant de sa généalogie ». https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Mulet_se_vantant_de_sa_généalogie#/media/Fichier:Ryland-Oudry-La_Fontaine-Le_mulet_se_ventant_de_sa_généalogie.jpg

– Extraits de l’ouvrage du père Anselme. https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k76083c/f2.double

– Portrait de la duchesse de Bourgogne, par Gobert, 1710. https://www.pinterest.fr/pin/311452130452258295/

– Portrait de Mme de Maintenon, attribué à Pierre Mignard, vers 1670. https://www.lanouvellerepublique.fr/deux-sevres/commune/echire/niort-madame-de-maintenon-l-epouse-du-roi-soleil-nee-dans-une-geole

– Mariage du duc et de la duchesse de Bourgogne. https://histoire-image.org/de/etudes/mariage-louis-france-duc-bourgogne-marie-adelaide-savoie


9 réflexions sur “« Les étranges mutations de ce monde » : l’obsession généalogique de Saint-Simon

  1. Chère Jeanne, cet article ne me fait pas regretter d’être une roturière !
    Plus sérieusement, je me suis instruite. C’est très éclairant sur la mentalité de la noblesse (ou des noblesses rivales) et l’importance de la lignée. Hormis le cas de « La Scarron », il y a probablement très peu d’hommes, et encore moins de femmes, qui ont pu franchir cette séparation étanche entre la noblesse et le reste du peuple. Même en essayant de ne pas trop chausser nos lunettes contemporaines, on le sent obsédé par cette sorte de « pureté », non ? Il se moque de l’évêque, mais fait-il mieux ?
    J’attends avec impatience l’article sur P. Ariès, lu il y a fort longtemps, mais qui m’a laissé un excellent souvenir.
    Merci à toi pour la qualité de tes articles, toujours teintés d’humour, ce qui les rend parfaitement digestes.

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    1. C’est vrai que de nos jours je n’aurais pas autant d’estime pour un individu se faisant une idée si restreinte de qui est légitime ou non à avoir de l’influence… Mais son côté monomaniaque et la poésie de certaines pages, j’adore !
      Merci pour vos réactions et encouragements !

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  2. Tu as réussi à me faire sourire Jeanne..ce billet est un régal pour une jeune femme qui dit ne pas maitriser la généalogie….ta façon de parler de Saint-Simon rend le personnage attachant…ta facilite d’élocution et tes connaissances te permettent de coucher les mots avec délice…j’ai dévoré ton billet jusqu’à la fin….et de plus tu sources tes recherches comme tout bon généalogiste qui se respecte…je veux bien me plonger dans la généalogie de la maison de Rohan..origine bretonne oblige…mais j’attends avec impatience mon paquet de pralines roses.

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    1. Merci pour ce joli commentaire ! Si tu décides de te perdre dans les branches de la maison de Rohan, c’est avec plaisir que je t’enverrais les pages en question (et un paquet de pralines, évidemment).

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  3. J’ai lu avec grand plaisir cet article et je suis ravie d’en savoir plus sur ce monsieur dont la quantité impressionnante d’ouvrages s’étale sur plusieurs tables de la librairie du Château de Versailles. J’espère que Nat sera suffisamment persuasive pour que d’autres billets – instructifs et tellement agréables à lire – comme celui-ci viennent se glisser sur son blog. Je vote mille fois pour en tous cas 🙂

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  4. Comme beaucoup, je connaissais mal Saint-Simon. Je savais que ces écrits étaient constituaient une source essentielle sur l’histoire de Versailles et de la fin du règne de Louis XIV. En lisant ton article, je perçoit mieux l’angle à travers lequel il expose les faits dans ses Mémoires. J’ai appris beaucoup de chose en tout cas.
    Quant à la généalogie, j’avoue que ces textes sont particuliers. A la lecture, j’avais envie de griffonner un arbre pour mieux comprendre qui était qui, qui était fils de qui ou père de qui… 😀
    Merci en tout cas et à bientôt j’espère pour d’autres lectures aussi savoureuses !

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