Une visite dans un coin de campagne en limite des Deux-Sèvres et de la Vienne, deux fermes rassemblées pour ne faire qu’une, un site comme figé dans le temps, et voilà mes pensées s’envolant vers vous tous. Mais surtout vers toi, Louise. Pourquoi toi ? Simplement par que tu es issue de ce coin de campagne, tu y as vécu.
Tu es une des enfants de Louis MESTAYS et de Jeanne GOUGEARD, et sans doute, es-tu née à Cherves (86) car c’est là que je te découvre en 1712, année de ton mariage avec Pierre ALAIN. Tu es ma 6 x arrière grand-mère, ma sosa 275.
Mais peu importe tout cela, peu importe les dates, les mariages, les enfants, je ne souhaite pas m’y attarder aujourd’hui. Car je veux parler de ton quotidien, de votre quotidien. Je veux parler de ce que cette visite m’a fait découvrir : vos lieux de vie, votre vêture, vos outils… Les approcher, les effleurer, les voir là, devant moi, usés par les ans, par les travaux, par votre vie m’a menée à traverser les siècles. Mes pensées sont chez toi, Louise, et avec toi.
La première chose que l’on voit en entrant, c’est la cheminée noire de suie…
Immédiatement et inévitablement mon regard est ensuite rapidement attiré par ce lit imposant et sombre, cette maie et ces tissus épais et rêches.
Et ces chaudrons, ces pots en tous genres, ces paniers… Ces ustensiles inconnus exposés en vitrine comme des trésors les plus précieux : un Porte Niâ, un plat à boudins et un pot à soupe si curieux. Les as-tu utilisés, Louise ?
Et Pierre, ton mari, ou même tes frères ont-ils eu leur barrèll ?
Je change de pièce et j’arrive devant des silhouettes un peu troublantes, devant des vêtements pour adultes, pour enfants, des coiffes, du linge et ces habits d’hiver qui me semblent si fins et pourtant si lourds à la fois , vous ont-ils suffisamment réchauffés ?
Je découvre avec surprise ce costume éphémère en paille, conçu spécialement pour effeuiller les choux chargés d’eau à l’automne, et donc sensé empêcher les vêtements de se mouiller, j’ignorais totalement qu’il ait pu exister…
Et toutes ces chemises faites avec du chanvre pour la plupart, portées jour et nuit par les hommes et femmes. J’apprends ainsi entre deux effets, que par très forte chaleur le faucheur quitte tous ses vêtements, hormis sa chemise sous laquelle il est nu, mais que cependant rien ne lui fera ôter son couvre-chef !
Ou encore que pour se protéger de la pluie, vous foncez un sac de toile que vous installez sur votre tête…
Ou l’utilisation de la Quichenotte et du mouchoir de tête, des coiffes portées depuis le Moyen-Âge et fabriquées à partir d’un simple morceau de toile de chanvre ou de lin.

Louise, de quelle façon l’utilises-tu, de quelle façon le noues-tu ?
Les robes, les pantalons, les vêtements d’enfants de toutes tailles, les blouses à vigne, les cotillons en drogué, les chausses en laine, et même le sénéré ce « linge » servant à mettre les graines à semer, l’abrssac porté sur l’épaule avec une poche sur l’avant du corps et l’autre sur l’arrière servant à porter sa nourriture au travail, ou bien les bottes à faucarder, les sabots à nez de gorets, ou la perche suspendue servant quant à elle à entreposer tous les textiles en toile qui attendent le bui (grande lessive) annuel ou bisannuel, les outils tels les fourches, les tours à bois, l’arrache trougnechou, les faucillons, les charrues, les rouleaux de bois, les herses et tant d’autres … tout m’a menée jusqu’à toi, Louise. Jusqu’à vous tous, mes ancêtres.
Une visite si dense, si riche autant en découvertes qu’en émotions que je ne suis pas prête d’oublier.
Une visite, comme un voyage, rendue possible grâce à des passionnés. Pas seulement de leurs ancêtres mais passionnés par leur région, la mienne aussi, le Poitou, par leur ville, Cherves (86) et surtout par leur magnifique moulin. Ces « Gens de Cherves« , tellement enthousiastes, je vous invite à aller à leur rencontre et je les remercie infiniment pour ce superbe voyage auprès de Louise…
Photos : collection personnelle
Images moulin : petit Futé.com
Visite coup de foudre, qui par un fait extraordinaire te fais flotter dans le temps jusqu’à Jeanne et les siens. Objets inanimés qui ont une âme.
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Oh oui ! Ils avaient tous une âme … Je te remercie de ta visite et de tes commentaires ici et là 🙂
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Cette visite est bienvenue .
Je pourrai entre autre ajouter que nous conservons les linges intimesl de notre arriere grand-tante comme temoignage .
Je ne crois pas que celà soit si facile d’en retrouver aujourd’hui.
Autre temps et autres moyens .
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Toujours aussi émouvant, ce texte!! Vous avez le talent de faire revivre le passé.
Bravo.
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Belle visite qui évoque tant de choses qui m’émeuvent.
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