Il arrive fréquemment en faisant des recherches généalogiques de trouver une piste pour une quête future… Lors de ma chasse aux indices sur le moulin Audoyer et la famille Noiraud (voir Meunier à Clessé), je découvre un passage du livre « Histoire des Deux Sèvres » qui m’interpelle :
« (…) Noyraud qui a tué d’un coup de fusil le citoyen Talbot qui voulait l’empêcher de hisser un drapeau blanc (…) »
Quelques clics sur Gallica et me voici avec des détails supplémentaires :
« Noyrault François Léon, 22 ans, meunier à Ondoyé, a pris part aux révoltes et émeutes contre-révolutionnaires qui ont affligé nos contrées, en qualité de chef, pillard et assassin;
1°/ en étant rentré avec cinq autres révoltés formant l’avant garde de l’armée des rebelles, à Parthenay, le jour de la Saint Pierre dernière.
2°/ en y ayant pillé et conduit les rebelles dans différentes maisons pour y piller.
3°/ en ayant enlevé d’une des dites maisons un morceau de linge pour en former un drapeau blanc signe de la rébellion.
4°/ en ayant voulu arborer ce drapeau sur le clocher de l’Église Saint-Laurent, ayant résisté aux habitants qui voulaient s’y opposer et s’étant battu avec eux à ce sujet, dans lequel combat le citoyen Talbot, fut blessé d’un coup de feu et de laquelle blessure il mourut.
Condamné à mort le 14 Germinal an II (3 avril 1794). »

François Léon NOIRAUD est né le 16 Février 1771 à Clessé, fils de Léon François et de Marie Jeanne ROY, et est l’arrière-arrière petit fils de Antoine NOIRAUD et Perrine EGRON mes sosas 3562 et 3563. Il exerce le métier de meunier au moulin du Douet tout comme son père, son grand-père et à ma connaissance comme encore deux générations précédentes.
D’après les Lois de Mort et Révolutionnaires rendues par la Convention Nationale, les condamnés doivent être exécuté 24h après leur jugement, je peux donc penser que François Léon est guillotiné le 4 avril 1794.
Des détails terribles sur cette période sombre et ces exécutions sont donnés dans « L’histoire de la ville de Niort (Léopold FAVRE) » :
« (…) Les exécutions eurent lieu sur la place de la Brèche; les inhumations furent faites sur un terrain voisin de la Fontaine de Bouillounouse (…) Le tribunal de Niort prononça de novembre 1793 à mai 1794 76 condannations à mort; 7 autres condamnations avaient été prononcées auparavant. Et 23 personnes condamnées par d’autres tribunaux furent exécutées à Niort (…) »
« (…) Le Conseil Général de la commune craignant que la quantité de sang sous la guillotine n’engendrât des miasmes pestilentiels, décida que trois ouvriers seraient chargés de faire sous l’échafaud un trou de cinq pieds de profondeur, de deux pieds de circonférence dans lequel serait reversé tout le sang répandu. Un baquet devait être suspendu près du plancher pour recevoir le sang qui jaillirait sous l »échafaud, et porté au lieu des sépultures par les tombereaux destinés à recevoir les cadavres.(…) »
Copie intégrale du jugement du tribunal de Niort :

« Au nom du peuple français, le tribunal criminel du Département des Deux-Sèvres a rendu le jugement suivant :
Vu par le tribunal, l’interrogatoire devant lui subi par François Léon Noyrault âgé de vingt deux ans, meunier à ondoyé commune de Clessé, ensemble les différentes dénonciations faites contrôlées au comité de surveillance de Parthenay, les quatre, sept et huit pluviôse dernier signées en l’expédition de deux citoyens membres du comité : attendu que des dites pièces il résulte que Noyrault a pris part aux révoltes et émeutes contre révolutionnaires qui ont assiégé nos contrées, en qualité de chef, pillard et assassin;
1° en étant entré avec cinquante révoltés formant l’avant garde de l’armée des rebelles, à Parthenay, le jour de la Saint Pierre dernière
2° en ayant pillé et conduit les rebelles dans différentes maisons pour y piller
3° en ayant enlevé d’une des dites maisons un morceau de linge pour en former un drapeau blanc signe de la rebellion
4° en ayant voulu arborer ce drapeau sur le clocher de l’Église de St Laurent, ayant résisté aux habitants qui voulaient s’y opposer, et s’étant combattu avec eux à ce sujet, dans lequel combat le citoyen Talbot fut blessé d’un coup de feu et de laquelle blessure il mourut.
Le tribunal, ouï l’accusateur public pour en faire conclusions, a condanné ledit Noyrault à la peine de mort; ordonné que dans les vingt quatre heures, il serait livré à l’exécuteur des jugements criminels et mis à mort; conformément aux articles premier, trois, quatre et six de la loi du dix neuf mars mil sept cent quatre vingt treize (?), et à la loi du cinq juillet dernier, dont il a été donné lecture et qui sont ainsi conçus :
Art 1er : ceux qui sont ou seront prévenus ….
Art 3 : le fait demeurera constant …
Art 4 : ceux qui ayant porté les armes …
Art 6 : les prêtres, et les ci devant nobles …
Loi du 5 juillet : seront réputés chefs d’émeutes et révoltés …
Déclare les biens dudit Noyrault confisqués au profit de la République, conformément à l’article sept de la susdite loi du dix neuf mars dont lecture a pareillement été donnée et ainsi connu;
La peine de mort prononcée dans les cas déterminés par la présente loi, emportera la confiscation des biens, et il sera pourvu sur les biens confisqués à la subsistance des pères, mères, femmes et enfant qui n’auraient pas d’ailleurs des biens suffisants pour leur nourriture et entretien, on prélèvera en outre sur le produit desdits biens le montant des indemnités dues à ceux qui auront souffert de l’effet des révoltes.
Ordonne que le présent jugement sera exécuté à la diligence de l’accusateur public et que copie en sera adressée tant au ministre de la justice qu’à l’administration des domaines nationaux et celle de l’enregistrement et des domaines dans les trois jours qui suivent l’execution dudit jugement;
Fait et prononcé en la salle de l’auditoire du tribunal criminel du Département des Deux-Sèvres, séans en la commune de Niort, audiance publique y tenue le quatorze germinal an deuxième de la République Française une et indivisible à laquelle assistaient les citoyens Briault président, Martin, Delaroy et Ollivier juges qui seront avec l’accusateur public soussignés.
Signé au registre Briault, Martin, Delaroy, Ollivier, Leblois et Vien greffier;
Au nom du peuple français, il est ordonné à tous huissiers sur ce requis, de mettre ledit jugement à exécution, à tous commandans et officiers de la force publique de prêter main forte lorsqu’ils en seront légalement requis et aux commissaires nationaux près les tribunaux d’y tenir la main en foi de quoy le présent jugement à exécution, à tous commandans et officiers de la force publique de prêter main forte lorsqu’ils en seront légalement requis et aux commissaires nationaux près les tribunaux d’y tenir main forte en foi de quoi le présent jugement a été signé par les présidents et juges susdits et par le greffier soussigné. »
Sources :
Archives Départementales des Deux Sèvres
Archives Départementales de Vendée : Archives de la guerre de Vendée
Gallica : Justice Révolutionnaire à Niort – Antonin PROUST
Gallica : Histoire de la ville de Niort – Léopold FAVRE
Gallica : Histoire des Deux Sèvres – Antonin LÉVRIER
Image Gallica : Le juste milieu
Image église de Parthenay : Delcampe
Bree, quel époque, de quoi faire froid dans le dos, mais raconter si bien par ta plume Nat, 🙂
Bel article qui apprend sur des périodes sombres 🙂
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Merci Lolo 🙂 et merci aussi de m’avoir aider pour cette recherche 😉
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Coucou Nat
>Je reviens sur cet article un peu ancien pour te signaler que, dans les nouveaux documents mis en lignes des archives de Vendée, il y a la condamnation à mort de François Léon Noirault. Mais sans doute, l’avais-tu déjà repéré !
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Ah non je n’ai pas vu !! Merciii ! Je vais essayer de trouver cela de suite 🙂
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