Je pensais avoir recensé tous les Poilus de ma famille, et j’ai d’ailleurs parlé de deux d’entre eux sur ce blog ( L’élément déclencheur et Un Vergiss mein nicht … ), mais oups, j’avais juste oublié le grand oncle Arsène ! …
Arsène Élie François DÉRET naît le 5/03/1897 à Amailloux (79) fils de François Delphin DÉRET et d’Eugénie ALBERTEAU. Sur sa fiche matricule il est décrit comme mesurant 1.69m avec des cheveux châtains et des yeux bleu-clair, un bel homme tout comme son frère Marie Joseph, mon grand-père.

Il incorpore son régiment, le 123ème RI à La Rochelle, le 9 janvier 1916 à 19 ans en tant que soldat de 2ème classe, et est élevé au grade de caporal le 4 septembre 1918.
Il est cité une première fois à l’ordre du régiment le 16 avril 1918 :
« Modèle de bravoure et de sang froid durant les journées des 26 et 27 mars 1918. A puissamment contribué par la précision de son tir et par son sang froid sous le feu des mitrailleuses, à repousser de fortes attaques ennemies. »
Une seconde fois le 1er octobre 1918 :
« Gradé énergique et courageux; Après avoir largement contribué par son sang froid et la précision de son tir à l’avance de l’infanterie. Est allé chercher des camarades blessés sur un terrain violemment battu par les obus et les mitrailleuses. »
Il obtient la Croix de guerre avec 2 étoiles de bronze.
Le 24 octobre 1918 il est blessé par balle au niveau de la cuisse droite à la Ferté-Chevresis… Mais que s’est-il passé là-bas ?
Selon l’historique du régiment :
« … Après une tentative infructueuse sur la cote 120 (Ferrière), en fin de journée, le régiment stationne, ayant sa gauche en face de Ferrière, et sa droite à hauteur de la voie romaine.
Seconde tentative le 20 octobre : les éléments avancés se heurtent à des mitrailleuses, des tranchées organisées avec des réseaux de fils de fer très sérieux. L’artillerie ennemie est très active.
Le 21, une compagnie, dans un superbe élan, dépasse le chemin de Ferrière à la cote 100; elle ne peut pas être soutenue et est obligée de regagner sa base de départ; l’ennemi ne veut pas lâcher ses positions, il faudra une sérieuse préparation d’artillerie. Les 22 et 23, le régiment prépare ses bases de départ; le 24, il passe à l’attaque.
Le bataillon de gauche progresse rapidement, mais celui de droite se heurte à des réseaux intacts. Malgré les barrages d’artillerie, malgré les feux croisés des mitrailleuses, il s’ouvre des passages à la cisaille et se rue à l’assaut; la cote 120 est enlevée, nous sommes sur la route de Ferrière-la-Ferté.
Mais à droite (67ème RI) et à gauche (11ème tirailleurs), les éléments voisins n’ont pas pu déboucher; l’ennemi contre-attaque sur les deux flancs, la situation est critique. Le régiment tient bon dans une lutte héroïque allant jusqu’au corps à corps; les pertes sont élevées, mais il a pris 365 prisonniers dont 10 officiers, 1 canon de 77 anti-tanks et une grande quantité de mitrailleuses. Au cours de cette attaque, tous les commandants de compagnie des deux bataillons d’assaut furent tués ou blessés … »
Je n’ose même pas imaginer l’horreur vécue par tous ces hommes …
Arsène est amené à l’Hôpital de Fleury Meudon, y restera du 26 octobre au 11 novembre, et part ensuite en permission de convalescence chez lui, près des siens, à Amailloux jusqu’au 3 décembre 1918. Il retourne au dépôt le 4 décembre et repart ensuite au front le 19 du même mois.
Le retour du régiment se fait à La Rochelle dans une ambiance festive en septembre 1919.
Arsène rentre ensuite définitivement chez lui, dans ses Deux Sèvres natales et reprend rapidement son activité d’agriculteur. Il ne se mariera pas et à 31 ans, le 5 octobre 1928 à Amailloux, il perd la vie suite à un accident de chasse.
Sources :
Fiche matricule : AD 79
Historique du 123ème RI : http://tableaudhonneur.free.fr/123eRI.pdf
Photos Arsène DÉRET : collection personnelle.
Photos « retour du 123ème RI » : decouverte.inventaire.poitou-charentes.fr
Photo « artillerie » : centenaire.org
Un ancêtre courageux, merci Nat de nous avoir partager sa vie 🙂
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Et une mort désolante, survivre à la guerre 14-18 et mourir d’un accident de chasse !
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