Toujours à la recherche du baptême de mon ancêtre Philippe DÉRET, je trouve par hasard un acte de sépulture dans les registres de Fomperron (79) sur lequel est noté :
« Le 2° septembre 1696 a esté enterré dans le cimetière de ce lieu Claude Sauzeau âgé d’environ vingt six ans qui malheureusement a esté poignardé par un dragon du jour de devant dans le lieu de la Robillière sa demeure et en présence de tous ses parents et amis soussignés »

Un dragon ??…
Hop ! Dictionnaire : « Animal fabuleux, avec des griffes de lion, ailes … » Non !! Allez un peu de sérieux … 😉 « Soldat d’un corps de cavalerie créé au XVème siècle ayant notamment participé aux Dragonnades ».
Je me documente donc un peu plus, mon niveau en Histoire de France laissant à désirer :
La 1ère Dragonnade a eu lieu à « titre expérimental » dans le Poitou (tiens donc !) en 1681 avant même la Révocation de l’Edit de Nantes, à l’initiative de Marillac, intendant du Roi. Ordre est donné aux Dragons de s’installer chez les Huguenots, de vivre à leur crochets et d’obtenir leur conversion à la Foi catholique par toutes sortes de sévices odieux. En quelques mois les curés enregistrent plus de 35000 conversions.

Les résultats obtenus par ces « missionnaires bottés » sont tels, qu’il est décidé d’étendre cette politique répressive à l’ensemble du Royaume, dès 1685. La méthode de Marillac est perfectionnée et dès l’annonce de l’arrivée des Dragons, des villages entiers se convertissent.



Les Archives Départementales des Deux-Sèvres m’en apprennent un peu plus :
« En 1685, la Révocation de l’Edit de Nantes supprime les droits accordés aux protestants. Les registres protestants n’ont plus lieu d’être (la rédaction de ces registres en double exemplaire était tolérée depuis 1563 puis accordée en 1598 par l’Edit de Nantes). Dès lors ils sont tenus de déclarer les baptêmes, mariages et sépultures auprès des curés. Cependant afin de se distinguer de la population de confession catholique, ils utilisent des expressions codées lors des déclarations. Par exemple, à cette époque les enfants légitimes sont ceux dont les parents ont célébré leur mariage devant un prêtre et non devant un pasteur. Dès lors les enfants issus de mariages protestants sont nécessairement illégitimes. Aussi quand est déclaré « bâtard » ou « illégitime » par le curé, mais que les noms du père et de la mère sont indiqués, cela signifie que les parents sont protestants. De même si l’enfant porte un prénom de personnage Biblique, comme Abraham ou Samuel, la famille est certainement Protestante. «
C’est la période du « Désert » qui durera jusqu’à la promulgation de l’Edit de Tolérance (1787) par Louis XVI. Durant celle-ci, la religion réformée était pratiquée clandestinement dans des lieux privés loin de tout regard. On comptera les martyrs par milliers. Puis la répression s’atténuera et enfin la Révolution établira la liberté de culte.

Aujourd’hui encore, on peut voir ces traces du passé, retrouver ces lieux isolés. Comme dans la forêt du Fouilloux (79) où on peut suivre les sentiers Huguenots balisés par un méreau (signe d’identification des protestants lors des réunions clandestines).

On y découvre le pin parasol, qui fut au tout départ, le signe d’une maison protestante et qui, aujourd’hui, symbolise la « Liberté retrouvée », et les cyprès qui, quant à eux, signalent les cimetières familiaux.


Sources :
- Musée virtuel des Protestants – museeprotestant.org
- http://perso.orange.fr/guy.vidal/
- Wikipédia
- Archives Départementales des Deux Sèvres
Un Dragon qui m’apprend sur une période de l’histoire que je ne connaissais pas ou peu ! merci Nat pour ce bel article 🙂
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Les dragonnades étaient courantes contre les protestants , mais les exactions de ces derniers étaient également très violentes , le curé de pont de Monverts ect… Toutes ces guerres fratricides étaient horribles.
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